Ode à la légèreté
« Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n’en sortirez pas vivant » écrivait Bernard le Bouyer de Fontenelle né au XVII ème siècle. Cette citation me met en joie.
Je ne sais pas si c’est la toute proche entrée dans l’automne qui me donne envie d’évoquer la légèreté. Ou cette période « si particulière » que nous vivons depuis quelques mois. Quelle qu’en soit l’origine, cette envie je la dépose sur le papier virtuel des réseaux sociaux pour vous partager ce que la légèreté m’évoque.
Mais au fait, c’est quoi la légèreté ?
Si la légèreté me plait tant c’est parce que c’est une notion polysémique et ambivalente, porteuse de positif et de négatif. Elle se définit d’un côté par le manque, l’absence : peu d’épaisseur, de densité, d’intensité, de force, de poids, d’importance, de sérieux, d’attention, de prudence, de réflexion, de stabilité, de constance. Futilité, frivolité, inconséquence, désinvolture, versatilité, inconsistance, infidélité… la légèreté souffre de mauvaise réputation !
Et de l’autre, elle évoque la délicatesse, la grâce, l’élégance, la fluidité, la facilité, l’aisance, l’agilité, la souplesse, l’épure. C’est la légèreté du pianiste qui effleure les touches de son instrument, c’est la virevolte du danseur, c’est la pureté d’un chant dont les notes s’envolent dans les airs, c’est la délicatesse d’une dentelle, c’est le battement d’aile du papillon. La légèreté renvoie aussi à ce qui donne une impression de sérénité voire d’allégresse.
Au-delà de cette compilation d’évocations, pour moi la légèreté, c’est l’éclat de rire d’un enfant, c’est l’humour, la fantaisie, la spontanéité, la joie, le plaisir. En voilà une jolie liste à la Prévert ! Que de richesse dans la légèreté de l’épure à la délicatesse en passant par la douceur, la sérénité, la spontanéité, la joie.
Et vous, que vous évoque la légèreté ?
La légèreté c’est un état d’esprit, un objectif et un moyen.
Dans mon métier de coach, la légèreté est à la fois une sensation, un processus, un moyen et un résultat. La légèreté est une sensation liée aux émotions positives de joie, de plaisir, de rire. Elle est le résultat d’un processus, d’un comportement qui est celui de m’alléger au service de mon client. Elle est donc aussi un moyen. Quand je m’allège de mon cadre de référence, de mes émotions –et de celles de mon client-, de mon besoin de reconnaissance, de mon ego, de mon illusion de perfection, de mon besoin de contrôle, de mon obsession du résultat, je déploie des moyens pour être pleinement présente à l’autre et à la relation. Quand je me suis pleinement approprié les processus, les outils, la technique, je peux m’en détacher, je peux suivre mon intuition et faire preuve de créativité au service de mon client.
Spontanéité, délicatesse, humour m’autorisent une communication ouverte, souple et rassurante. Douceur, sensibilité, souplesse me permettent une qualité d’être, une écoute émotionnelle et relationnelle, une perception de ce qui affleure et donc une présence accrue à l’autre et à la relation.
Manifeste pour mettre de la légèreté dans nos vies professionnelles
Pourquoi si souvent opposer la légèreté et sérieux ? J’ai, au contraire, la conviction que la légèreté permet d’aller en profondeur. Par exemple, je pense que l’humour permet la prise de recul libératrice car il influe sur notre perception de la réalité. Dès lors que ma perception d’une situation change, le champ des possibles s’ouvre à moi et ma créativité se développe. Je vois aussi dans l’humour la possibilité de créer un lien de confiance, le rire se partage, rapproche et libère l’énergie, le rire met en mouvement. Je vois encore dans l’humour la possibilité de défendre son point de vue avec élégance, d’être plus confrontante aussi.
L’humour c’est aussi la capacité à rire de soi, une forme d’autodérision, à mon sens essentielle justement pour ne pas se prendre trop au sérieux, pour se remettre en question et avancer.
Il y a du lâcher prise dans la légèreté, accepter de ne pas tout maîtriser et comprendre, laisser advenir la relation, accueillir les émotions, se laisser porter, se faire confiance, faire confiance à l’autre. Et dans le même temps, il n’y a pas de légèreté sans cadre. La légèreté vient des garde-fous professionnels que sont l’éthique, la déontologie, les valeurs – connaître son champ d’intervention et s’y tenir – et de sa conscience de soi –l’acceptation de ses forces et faiblesses.