La bienveillance, voici un mot dont mon entourage considère qu’il perd de sa substance à force d’être utilisé à tout propos. Et pourtant, est-ce que le verbe « aimer » perd de sa signification et de sa force à être utilisé quotidiennement ? Je ne le pense pas et voilà pourquoi je voudrais faire l’éloge de la bienveillance dans nos vies personnelle et professionnelle.

 

Veiller c’est écouter

Peut-être faut-il s’entendre sur la définition de la bienveillance en préambule. Du latin benevolens  « qui veut du bien, favorable », le Larousse évoque « une disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui », le Trésor de la langue française évoque la « qualité d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui », le Littré une « disposition favorable de la volonté ». 

 

La bienveillance est donc une disposition qui mobilise la volonté, s’exprime dans la relation à l’autre, est protéiforme et inclut la compréhension, la gentillesse, l’indulgence. Ce rapport de la bienveillance à la volonté me fait réfléchir car je crois profondément que la bienveillance s’incarne, qu’elle est une qualité qui doit aussi à l’intelligence émotionnelle.

 

Les écueils liés à la bienveillance existent bien sûr et ont pour nom compassion, pitié, condescendance. La bienveillance possède une dimension démiurgique. Quel besoin je satisfais quand je veux le bien de l’autre ? Celui de lui être indispensable, d’être aimé par lui, d’obtenir de la reconnaissance, des félicitations ? Celui d’être dans une posture de toute-puissance, de sauveur ? N’est-ce pas mon ego qui cherche à être satisfait derrière ma bienveillance ? 

 

Autorisons-nous un pas de côté par rapport à l’étymologie du mot pour nous intéresser au suffixe « veillance » qui se rattache à veiller. Veiller c’est être attentif, prendre soin, être vigilant. Veiller c’est écouter. Il y a dans la bienveillance l’idée d’une attention à l’autre qui permet de l’accueillir pleinement. C’est sur cet accueil inconditionnel de l’autre et de soi que je souhaite développer ma réflexion…

 

Pourquoi la bienveillance ?

Vous allez peut-être me dire : A quoi ça sert d’être bienveillant ? 

D’ailleurs, n’avez-vous jamais entendu cet adage populaire « trop bon, trop con » ? Effectivement, la bienveillance est souvent associée à une forme de béatitude naïve, lénifiante. En ce qui me concerne, accueillir l’altérité, la différence est synonyme d’enrichissement et de découverte. 

 

Dans mon métier de coach, l’accueil inconditionnel de l’autre est un pré-requis à sa mise en mouvement. Par ma posture, ma présence et mon savoir-faire, j’aide mon client à cheminer vers son objectif. Mon accueil inconditionnel, ma bienveillance et ma disponibilité créent un espace dans lequel mon client peut déposer sa problématique et libérer sa parole. La qualité du lien créé passe par le respect et le non jugement. En d’autres termes, rien de tel que des signes de reconnaissance positive pour se connecter à ses ressources et mobiliser son énergie.

 

L’accueil de l’autre n’est pas l’accord avec l’autre. Ce n’est pas parce que j’accueille l’autre de manière inconditionnelle que je suis d’accord avec lui. Je respecte son cadre de référence, je ne le juge pas. La bienveillance n’empêche donc pas le désaccord, elle permet de se mettre d’accord sur le désaccord ! En d’autres termes, la bienveillance permet la confrontation.

 

Etre bienveillant vis-à-vis de soi-même

Je ne m’oublie pas  au nom de la bienveillance car je me dois également d’être bienveillante vis-à-vis de moi-même. Comme dit Beaumarchais dans ses réflexions sur l’amour propre,  « Pour être bien avec les autres, il faut être bien avec soi-même ». Etre bienveillant vis-à-vis de soi-même c’est savoir ce qui est bon pour soi, se respecter et s’affirmer. Etre bienveillant vis-à-vis de soi-même c’est accepter toutes ses dimensions, ses zones d’ombre et de lumière. Etre bienveillant vis-à-vis de soi-même c’est le droit à l’erreur. Qu’est-ce qui nous pousse, une fois adultes, à être aussi intransigeants vis-à-vis de nous-mêmes ? Enfants, nous avons appris à faire du vélo avec des petites roues, puis nous sommes lancés avec un adulte qui courait derrière nous pour nous donner de l’élan, nous sommes tombés, nous sommes relevés, sommes remontés en selle et un jour avons juste senti la fraicheur du vent dans nos cheveux, la douceur du soleil sur nos joues. Pour avancer, l’enfant qui apprend à marcher doit se mettre en déséquilibre. Et c’est pareil pour l’adulte…

 

Voilà pourquoi je prône d’oser la bienveillance au quotidien. Elle est source de découverte, de motivation, de mise en mouvement, de joie. Et vous, quelle place a la bienveillance dans votre vie ?