Dans un article en date du 17 septembre 2020, la Harvard Business Review explore la notion de métier et défend l’idée que l’expertise professionnelle sera une pâte à remodeler sans cesse pour s’adapter aux nouvelles réalités. Parmi les quatre méta compétences fondamentales clés qu’elle identifie pour les métiers de demain, « Construire des récits » a une résonance particulière pour moi.
Il était une fois…
Ce petit bout de phrase est pour chacun évocateur de souvenirs, souvent liés à l’enfance et aux contes dont nous avons été bercés. Parmi ces contes, il y en a un dont j’aime particulièrement le fil narratif puisqu’il s’agit de « raconter pour sauver sa vie ». Vous aurez reconnu les mille et une nuits. Ce conte met en avant le pouvoir des mots et la force de l’audace. Shéhérazade, par sa maîtrise de la langue, de l’intrigue et du récit, repousse chaque jour son arrêt de mort et finit, au bout de mille et une nuits, par conquérir le cœur du sultan Shahryar.
Il est la parfaite illustration de la puissance du récit dans la création du lien, dans la mise en mouvement, dans le développement de l’imaginaire et de la créativité.
Il est également la parfaite illustration de la puissance du récit dans la construction de nos parcours, de nos croyances, de nos modes de pensées. Nous avons tous des contes de fées, des mythes, des voyages de héros qui nous ont construits, nous ont sorti de notre propre histoire, nous ont donné à voir le monde qui nous entoure.
Il est enfin la parfaite illustration de la force d’ancrage du récit dans nos mémoires. Parce qu’il a suscité en nous des émotions, que nous nous sommes identifiés, projetés, il est resté gravé en nous.
Et vous quel est le conte d’enfant dont vous vous souvenez ?
Au commencement est l’écriture…
Ecrire pour comprendre, écrire pour être compris, écrire pour créer du lien, écrire pour faire sens, écrire pour vulgariser des sujets complexes, écrire pour rendre désirable, écrire pour convaincre, écrire pour inviter à l’action … l’écriture est au cœur de tout et aussi de l’entreprise.
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément ». Cette célèbre citation de Boileau résume bien l’imbrication entre pensée et écriture. Boileau rappelle que la pensée doit précéder l’écriture. Dans le même temps l’écriture permet, en posant ses idées sur le papier, de les clarifier. L’écriture implique un rapport au temps différent, le temps d’une réflexion, temps qui n’est jamais perdu…puisqu’il évite de se perdre en chemin !
L’écriture au service de la stratégie nécessite une pensée cohérente, construite et argumentée. Cette condition n’est cependant pas suffisante pour créer du lien, susciter l’adhésion des collaborateurs, des clients, des fournisseurs. Il manque un ingrédient phare… l’émotion –encore et toujours elle !
Puis vient le récit
Le récit c’est que qui rend l’écriture vivante, c’est que qui transporte, happe. C’est là qu’intervient ce fameux « story-telling » autrement appelé communication narrative qui promeut l’idée de raconter de belles histoires pour donner envie d’avancer, de converger, de découvrir. Raconter des histoires, voilà une expression dont la signification est trouble parce double. L’idée de mensonges n’est pas loin… Voilà pourquoi je lui préfère la mise en récit. Qui dit récit dit intrigue, identification d’un problème à résoudre.